Quatre paires de pattes



Paroles et musique : Jean-Marc PAVAGEAU – 12/09/2013 – ISWC : T-703.125.665.4

1°)- Quand je sors le soir, on me voit solitaire,
Suscitant l’espoir que le matin enterre.
Je suis une dame, sans être de la haute.
Pour sauver mon âme, ne prient que peu d’apôtres.

2°)- Rares sont les ravis de me voir en peinture,
D’exposer, pardi, mes toiles sur leurs murs.
Je tisse la soie, je fais de la dentelle,
Linceul pour ma proie qui me donne ses ailes.

3°)- J’arpente les rues sur mes belles gambettes,
Certes un peu poilues, de vieille majorette.
J’ai, si vous comptez, quatre paires de pattes,
Trop pour me chausser, me payer des savates.

4°)- Je fais mon marché, mes courses sous la lune,
Lorsqu’en mon quartier je jeûne d’infortune.
J’entre alors chez ceux dont les fenêtres bâillent,
D’un pas silencieux pour y faire ripaille.

5°)- Quand d’autres ont besoin d’une paire de lunettes,
Moi je vois très bien, dans la nuit, comme une chouette.
J’ai quatre paires d’yeux pour reluquer vos bouilles.
Dormez bienheureux, chez vous, moi je vadrouille.

6°)- Si d’aucuns préfèrent camper sous les étoiles,
Moi j’aime vos pierres et j’y plante ma toile.
Pour certaines mouches, cela tourne vinaigre.
Comme amuse-bouche, je gobe des punaises.

7°)- Lorsqu’un prétendant vient me conter fleurettes,
Il est plus prudent qu’il tire la sonnette.
Plus d’un amoureux dont j’ai tourné la tête
Ont fini, parbleu, au fond de mon assiette.

8°)- J’attends un beau mâle, un prince téméraire
En quête du Graal, pour me faire mon affaire.
Naîtront mes minots, mes monstres miniatures,
Toujours sur mon dos, toute mère a la vie dure.

9°)- Dans ces temps derniers, je loge aux frais d’un zouave
Qui dort au premier quand je crèche à la cave.
Parmi ses grands vins, je me rêvais aux anges.
Mais diable il boit bien et sans fin me dérange.

10°)- Je dois repriser sans cesse mon ouvrage,
Hélas attaché, comme lui, à son breuvage.
D’un coup de torchon, il abat ma voilure,
À chaque flacon, la même déchirure.

11°)- Quand j’ai du courage ou si j’ai la fringale,
Je monte à l’étage pour me rincer la dalle.
Là dans le couloir, s’il me croise, quelle dèche.
Il me fout dehors, me voilà sans adresse.

12°)- Moi qui ai mangé pour lui tous les insectes,
Velus et bien laids, d’une saveur suspecte,
Pour me rendre grâce, il me fiche à la porte.
L’homme est d’une race, d’une nature ingrate.

13°)- Mais dans mon malheur, je jouis d’un peu de chance,
Car dans le secteur, pour pareille imprudence,
On finit souvent collé sous la semelle
D’un de ces géants poussés par leurs donzelles.

14°)- Moi mon proprio n’est pas de cette espèce.
C’est un écolo, du moins il le confesse.
Tu ne tueras point, tel est son sacerdoce,
Mais mange sans faim de l’agneau à la broche.

15°)- Alors sans façon, sans dire plus de prières,
Longeant la maison, je passe par-derrière.
Et dans le cellier, là où j’étais la veille,
Vous m’y trouverez, cachée dans mes bouteilles.

 

“Ce site respecte le droit d’auteur. Tous les droits des auteurs des œuvres protégées reproduites et communiquées sur ce site sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation des œuvres autre que la reproduction et la consultation individuelles et privées sont interdites”