Noël au turbin

 
Paroles et musique : Jean-Marc PAVAGEAU – le 30/06/2015- ISWC : T-703.422.799.3

1°)- Sous le sapin, cette année-là, une godasse
Avait encore gagné le droit de prendre place
Entre les bottes de sept lieues de ses parents,
Devant la crèche du bienheureux divin enfant.
Le sale gamin, pourri, gâté, rouge de colère,
Avait mené, du bout du nez, ses père et mère
Pour qu’ils écrivent, pieds et poings liés, au Père Noël
Afin qu’il remplisse de jouets son escarcelle.

2°)- Le cher barbu, posté là-haut dans les nuages,
Qui d’usage offrait des cadeaux aux enfants sages,
Au ramoneur, devrait jouer toute la nuit
Au risque de rester coincé dans les conduits.
Quand la marmaille d’autrefois était aux anges
Pour un ballon, du chocolat ou une orange,
Celle qui l’occupe en ce moment le rend marteau,
Nourrie d’une cuillère en argent dès le berceau.

3°)- Le pauvre vieux, sous son fardeau, peine à l’ouvrage,
De sa hotte en a plein le dos, voire davantage.
Ses rennes n’ont plus que la peau, ils sont tannés,
Tirent la langue et leur traîneau plein à craquer.
Les belles coutumes anciennes, hélas, sont mortes,
Quand on leur offrait pour la peine quelques carottes
Avec en plus un bol de lait encore fumant,
Au jour naissant cela faisait rire les enfants !

4°)- Le gros bonhomme encapuché dans son costume
Crevait de froid à s’en geler plus que les prunes.
De sa tournée, rentrait fourbu dans son foyer
Pour s’entendre crier dessus par sa moitié !
La vieille hirsute, les yeux cernés, la mine cuite,
Des gosses, brûlait le courrier sous la marmite
Et quand son homme dehors œuvrait main sur le cœur,
Son dévolu, elle le jetait sur le facteur !

5°)- Le Père Noël, dévoué, inscrit dans sa légende
Avait sacrifié sa vie sans rien attendre
Sinon de voir briller les yeux des chérubins
Des autres, lui, oubli des cieux, n’en eut pas un.
Sa chère épouse, pour parler cru, passait les dates,
Lui, son modèle n’existait plus côté prostate !
Et si les pelles à neige volaient parfois entre eux
Cela prouvait bien qu’ils s’aimaient encore un peu !

6°)- Le vieux routier, au fil des ans, des kilomètres,
Au vu du nombre d’habitants de la planète,
Avait compris, puisse le ciel lui pardonner,
Qu’il était temps, à son échelle, de sous-traiter.
Au purgatoire, il recrutait quelques doublures,
Le brave ainsi réinsérait des âmes impures.
Dieu sait combien de comédiens intermittents
Ont attendu ce rôle, en vain, de leur vivant !

7°)- Son entreprise nécessitait force main-d’œuvre,
Parés, lutins et farfadets, à la manœuvre !
Pour l’emballage, l’étiquetage des colis,
Les petites mains fourmillaient toute la nuit !
Quand aux clochers, minuit sonnait, sur notre terre,
Pour les grands magasins de jouets, la belle affaire !
Mais où commence la magie quand elle exploite
La pauvre enfance qui produit le rêve en boîte ?

8°)- Dès qu’il a su l’usurpation de son enseigne,
Le Père Noël, à la maison, rentra ses rennes.
Il réunit, autour, sa femme et ses lutins,
Leur dévoila le sort infâme de ces gamins !
Sous le sapin, ça va de soi, d’autres godasses
Sans doute allaient gagner le droit de prendre place !
Mais au matin, seuls les enfants au cœur blessé
Ouvriraient leurs yeux bien plus grands que leurs souliers
Remplis de jouets…

 

“Ce site respecte le droit d’auteur. Tous les droits des auteurs des œuvres protégées reproduites et communiquées sur ce site sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation des œuvres autre que la reproduction et la consultation individuelles et privées sont interdites”