Le chirurgien perruquier



Paroles et musique : Jean-Marc PAVAGEAU – Le 07/11/2014 – ISWC : T-703.310.975.2

1°)- Oyez mes braves gens, je m’en viens vous conter
Une histoire ressemblant à la réalité.
Il y a fort longtemps, par un jour de marché,
Vint au monde un enfant qui chut sur le pavé.
Le bougre était si prompt qu’il courut sur le champ,
Sectionnant son cordon avec ses propres dents.
Échappant à sa mère qui ne le revit point,
Il partit fesses à l’air remuant du popotin.

2°)- C’était en février de l’an soixante-trois,
Un millénaire marqué par des hivers grands froids.
Il gelait sans faiblir, à marcher sur les eaux.
Le petit dur à cuire crut y laisser sa peau.
Une cruelle saison, sans étable où crécher,
Tout tremblant du croupion, il dut se résigner.
Dénichant un abri, chez une volaillère,
Il couva dans ses nids pour plumer son derrière.

3°)- Adopté entre-temps, le petit rejeton
Ornait plus décemment son cul d’un pantalon.
Un beau jour qu’il portait des œufs au monastère
Il surprit en secret la nonne et le bon père.
Le moine refroqué, suppliant le garçon
De silence garder, lui promit des leçons.
Pas des leçons de choses, qu’il savait par nature,
Mais tout l’art de la prose, déchiffrer l’écriture.

4°)- Le petit accepta le contrat sans façon
Et panier sous le bras revint à la maison.
Sœur Cornettes, Frère Tonsure restèrent dans le péché,
Une main dans la luxure, dans l’autre un chapelet.
Les jours, les mois suivants et de longues années
L’écolier sur son banc, griffonna ses cahiers.
Il lut tant et si bien qu’il en devint savant,
Pour tout dire chirurgien, un pionnier en son temps.

5°)- Il dut se faire la main sur quelques miséreux,
Souffreteux du matin qui le soir mouraient mieux.
Si le silence est d’or, hélas l’anesthésie
N’existait pas encore pour étouffer leurs cris.
Comme pour les gorets, avant qu’on ne les saigne,
Il usait d’un maillet pour que le calme règne.
Hélas point trop n’en faut, à redoubler les soins,
Les mous du ciboulot dérouillaient dans les coins.

6°)- Le ciel en soit loué, les morts ne parlent pas,
Et comme les rescapés se réveillaient fadas,
Il poursuivait sa quête de science aux frais des gueux,
Battait ses omelettes en cassant quelques œufs.
La pauvre chirurgie ne lui rapportait rien
Sinon sa calvitie qui gagnait du terrain.
Il eut alors l’idée, sur la tête des vieux
Aux crânes déboisés, de planter des cheveux.

7°)- Les riches dégarnis, en quête d’un plumage,
Sur l’ongle le rubis, payaient cher son ouvrage.
Il leur greffait au front, des poils d’où vous savez,
Ainsi bien des morpions gravirent des sommets.
Il amassa l’argent et sa fortune faite
Racheta le couvent de brave Sœur Cornettes
Et puis le monastère du bon Père Tonsure,
Rebaptisant les pierres « Maison de la culture »

8°)- Il recueillit les drôles, les gamins d’infortune
Au sein de son école, têtes blondes et brunes.
Les mots d’un vieux grimoire, écrits par l’un d’entre eux,
Nous livrent son histoire tirée par les cheveux.
Oyez mes braves gens, je viens de vous conter
La vie de ce savant, chirurgien perruquier,
Qui resta langue muette sur la progéniture
De Mère sœur Cornettes et Père moine Tonsure.

 

“Ce site respecte le droit d’auteur. Tous les droits des auteurs des œuvres protégées reproduites et communiquées sur ce site sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation des œuvres autre que la reproduction et la consultation individuelles et privées sont interdites”