Une vie de poulet

 
Paroles et musique : Jean-Marc PAVAGEAU – le 09/06/2015- ISWC : T-703.413.613.7

1°)- Une lueur étrange me saisit ce matin
M’apportant son mélange de couleurs, de parfums.
Un souffle d’air caresse mon modeste plumage
Tandis que l’on me presse en mon étroite cage.
Le temps d’un tremblement et nous voilà partis.
Mes amis je n’entends ni vos pleurs, ni vos cris.
Je n’en crois pas mes yeux, le soleil s’est levé !
Je rêvais bien trop peu pour me l’imaginer.

2°)- Qu’avais-je vu de beau avant ce bleu profond ?
Qui m’a peint ce tableau des murs jusqu’au plafond ?
En subissant le sort, la vie d’un détenu,
Si je n’en suis pas mort, je n’ai que survécu !
Mon convoi de camion me transporte à présent
Avec mes compagnons, tous mes frères de sang.
La campagne chemine de plaines en bocage.
J’ignore où se terminera ce long voyage !

3°)- Avant même l’enfance, pour moi, tout était joué !
On m’a ôté la chance de vivre en liberté !
Déjà dans ma coquille, on m’a tiré du nid.
Privé de ma famille, sans amour j’ai grandi.
Fragile poussinet, noyé parmi la foule,
Je n’ai pu retrouver ma douce mère poule.
Mon instinct naturel s’est fait une raison,
Il retenait mes ailes de voler en prison !

4°)- Bien sûr on m’a nourri, roulé dans la farine !
Poulet en batterie, j’ai dû courber l’échine.
Je mangeais mon content, mais côté diététique,
Que des alicaments doublés d’antibiotiques !
À ce régime-là, on ne perd pas de temps,
On prend vite du poids si l’on reste vivant !
Pour le manque d’espace, la chose est orchestrée,
Pour nous tenir en place et mieux nous engraisser !

5°)- Mais ça, c’était hier, que m’importe aujourd’hui
D’avoir vécu l’enfer sans croire au paradis !
Les oiseaux dans le ciel, qui me saluent là-haut,
Eux touchent à l’éternel, si loin de mes barreaux !
Contre moi, point de haine, non rien que du mépris.
L’indifférence humaine souvent fait des petits.
Les hommes entre eux d’ailleurs, se peut-il qu’ils se prêtent
À laisser l’un des leurs crever comme une bête ?

6°)- Le convoi ralentit, on entre dans l’usine.
Une odeur de roussi m’envahit les narines !
On m’extirpe bientôt, on me pend par les pieds !
Après je ne sais trop comment ils m’ont saigné !
Il est bon mon poulet d’à peine quelques semaines !
Mes os enfarinés s’effritent, quelle veine !
Caressez votre chat, choyez vos canaris,
Leurs yeux parlent pour moi, vous souhaitent bon appétit !
Merci…

 

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